samedi 28 septembre 2019

Envoyez avant lundi soir votre contribution


L'enquête d'utilité publique sur le nouveau PLU communautaire se termine lundi 30 septembre à 18 heures. Si vous vous reconnaissez dans le combat qui nous anime pour sauver les arbres centenaires du Parc Saint-Aldric, envoyez le texte argumenté et rédigé par le Collectif de défense du parc et figurant ci-dessous aux commissaires-enquêteurs à l'adresse mail suivante :

urbanisme.enquetepublique@lemans.fr

" Monsieur le Président des commissaires enquêteurs,

Dans le cadre de l'enquête publique préalable à la validation du projet du PLUC Le Mans Métropole, je vous prie de bien vouloir trouver ci-dessous les observations du Collectif de défense des arbres et de la biodiversité du Parc Saint-Aldric, que je fais miennes, concernant la suppression du classement "Espace Boisé Classé " du parc Saint-Aldric, rue des Victimes du nazisme au Mans.

1- L’obligation légale : "éviter, réduire, compenser" n’a pas été respectée

La loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages inscrit des principes forts dans le code de l’environnement et vient enrichir la séquence éviter, réduire et compenser, notamment par le point suivant : l’objectif d’absence de perte nette de biodiversité, voire de gain, et l’obligation de respecter la séquence "éviter, réduire et compenser" (ERC) pour tout projet impactant la biodiversité et les services qu’elle fournit est donc inscrit dans la loi. Si la séquence ERC n’est pas appliquée de manière satisfaisante, le projet ne pourra pas être autorisé en l’état.   

Cela signifie qu'avant de valider tout projet impactant négativement la biodiversité, il faut envisager toutes les solutions permettant d'éviter cette perte de biodiversité. En l'occurrence, le seul et unique moyen d'éviter la perte de biodiversité est de conserver cet Espace Boisé Classé totalement inconstructible. Or cela est tout à fait possible étant donné la nécessité bien plus réduite que celle annoncée de construire de nouveaux logements et la possibilité qui est largement offerte sur la ville du Mans de réhabiliter des logements vacants. Les 3 points suivants démontrent ainsi que cette obligation légale n'a pas été respectée. 

Des besoins en logements surévalués
La Mission Régionale d'Autorité environnementale (PMRAe) des Pays de Loire a notamment émis les réserves suivantes dans son avis du 02/07/2019 sur le projet d'élaboration du PLU: "L'objectif démographique affiché équivaut à un taux moyen annuel de variation de la population de 0,53% sur la période 2015-2030, soit au moins 8 fois plus que durant la période 2006-2015 (0,06%). [...] Cette prévision d'objectif démographique ambitieux et la prévision d'un desserrement des ménages rapide et continu invitent à la prudence. Il convient de réexaminer le besoin en logements ou sa planification. Aussi, l'intérêt d'une programmation plus fine de l'ouverture à l'urbanisation des zones à urbaniser mixtes (IAU mixtes) et une diminution du besoin en zones à urbaniser soumises à modification ou à révision du PLU (2AU mixte) méritent d'être étudiés."

Un fort taux de logements vacants
« La Ville du Mans se distingue avec un fort taux de vacance (9.3%) » rapportait l’INSEE déjà en 2014. Depuis, les programmes neufs se sont multipliés et la population n’a quasiment pas crû. Il faut prioritairement réhabiliter les nombreux logements vacants, que les habitants du Mans boudent. La ville se veut verte ; (cf. article du Maine-Libre dans l'édition du 23 octobre 2018 : "Le Mans : ça pousse pour une ville verte. La municipalité veut une ville plus verte. Le service Nature en Ville travaille sur le sujet et les premières actions de ce « verdissement » seront visibles dès le début de l'année. Le Mans, ville trop minérale, manquant d'espaces verts et d'arbre : la municipalité est souvent montrée du doigt. Elle a donc décidé de réagir. Lors du dernier conseil municipal, [le maire du Mans] a annoncé qu'il voulait « verdir » la ville. Visiblement, [il] a décidé d'aller vite." La première mesure à prendre pour avoir une ville plus verte est d'éviter les mesures pour une ville moins verte. Donc, ne pas construire sur les espaces boisés classés en centre-ville et parallèlement faire revenir la population là où le terrain est déjà construit.

Ce parc est abusivement qualifié de dent creuse.
Le parc Saint Aldric n’est pas une dent creuse au sens où il est convenu de l’entendre en termes d’urbanisme. Ou alors le Jardin des Plantes est aussi une dent creuse, car lui aussi réalise une interruption dans le bâti. Si le magnifique parc Saint Aldric est une dent creuse, alors tous les parcs publics ou privés de la ville en sont également et il faut tous les lotir. On voit bien à travers ce raisonnement par l’absurde que la qualification de « dent creuse » ne peut être retenue dans tous les cas d’interruption du bâti. 
  
2- Le PLUC ne respecte pas les orientations qu'il se fixe à lui-même.

Pour le parc Saint-Aldric, le projet de PLUC - Evaluation environnementale (p 86) souligne bien le "risque d'atteinte du potentiel de biodiversité présent ou à développer sur cet axe secondaire de la Trame Verte Urbaine", mais les "mesures prises dans le PLUC" (appellation officielle) contredisent la volonté de prévenir ce risque en réduisant considérablement la part protégée pour permettre d'y construire minimum 90 logements. 

Dans ses orientations, concernant paysage et environnement, le PLU se fixe l'objectif de "Préserver les richesses paysagères et naturelles qui contribuent à un cadre de vie de qualité." 
Or, au contraire, les magnifiques arbres qui émergent du mur d'enceinte rue des victimes du nazisme sont condamnés à disparaître au profit de constructions.
  
3- Le propriétaire cherche à vendre ce parc classé, ce qui semble avoir déclenché son déclassement et son inscription comme constructible au projet de PLU. Or, il n’y a pas eu d’exploration de toutes les alternatives à la disparition de cet EBC (Espace Boisé Classé).

- Il n’y a pas eu d’étude en vue d’une éventuelle préemption par une collectivité locale pour ouvrir ce parc magnifique au public. 
- Il n’a pas été envisagé que ce parc soit vendu comme non constructible (à la future copropriété du Clos Saint-Aldric, aux riverains etc.). 
  
4- Il n’y a eu aucune mesure préalable d’évaluation des éventuels dégâts écologiques. 

- Il n’y a pas eu de recensement des espèces animales et végétales qui composent la faune et la flore du parc. 
- Il n’y a pas eu d’évaluation de la qualité patrimoniale des arbres qui vont être abattus. Cet espace boisé était initialement le parc du château d’Isaac, édifié au XVIIIe siècle. Il s’y trouve de façon presque certaine des arbres méritant le label d’arbres remarquables. 
- Le PLU ne produit aucun argument justifiant la suppression de cet Espace Boisé Classé. Il n’a pas été fait de recherches pour savoir pour quelles raisons ce parc avait été classé EBC. Dès lors, il ne peut être question de supprimer ce classement en connaissance de cause. 
  
5- Il n’y a pas eu de prise en compte de l’urgence écologique actuelle.

Ceci est contraire à la loi du 8 août 2016 (article 87), qui prescrit de "favoriser la biodiversité pour adapter le territoire au changement climatique."
Ce parc entièrement boisé en centre-ville constitue un véritable petit poumon vert en milieu urbain, c’est-à-dire que ses arbres jouent un rôle de piège à CO2 et de régulateurs thermiques. Or, une étude récente a montré qu’un arbre arrivé à maturité jouait le rôle de 5 climatiseurs. https://detours.canal.fr/dapres-ingenieurs-planter-arbre-ville-remplace-5-climatiseurs/. En période de canicule, lorsqu’on vient du centre ville beaucoup plus minéral, on perçoit de facto plusieurs degrés de moins en arrivant dans ce quartier très arboré. En outre, le réchauffement climatique sévit particulièrement au Mans (plus de 42 degrés enregistrés lors d’un des épisodes caniculaires de l’été 2019). A titre d’illustration, la classe de l’École Saint-Aldric toute proche a eu lieu dans ce parc, lorsque la chaleur est devenue intolérable dans les salles en fin d’année scolaire 2019."

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