mercredi 25 septembre 2019

Une autre contribution à l'enquête d'utilité publique

Les riverains continuent à apporter leur contribution à l'enquête d'utilité publique concernant le nouveau PLU intercommunautaire. Voici celle de Yves Cottereau.

La question du déclassement de l'espace boisé classé Saint Aldric

Cet espace boisé, propriété du diocèse, jouxte l'ancienne maison de retraite Saint-Aldric rachetée à l'évêché par le groupe Bouygues pour construire 47 appartements qui vont contribuer à l'augmentation du nombre de logements de l'agglomération mancelle. Cette construction va commencer prochainement.

Un espace classé qui n'a pas démérité

L'espace boisé lui même – riche d'arbres très divers en plein épanouissement et accueillant une faune adaptée (hulottes, chauves-souris, écureuils, mésanges, geais, etc) - a été classé comme non constructible par les PLU actuel et antérieurs visant à préserver l'environnement en empêchant la réalisation de projets immobiliers sur des aires protégées.

La lecture du projet de PLUC ne donne pas d'explication sur ce qui a pu changer dans ce parc  pour justifier son déclassement. Sauf erreur, aucun autre exemple d'une telle mesure ne figure dans le projet de PLUC.

Un projet de déclassement pour satisfaire principalement des intérêts financiers

Il faut dire, chacun le sait, qu'il s'agit de satisfaire la demande de l'association diocésaine, gérant les biens de l’Évêché, de vendre ce terrain à l'entreprise Bouygues en relation avec d'autres opérations immobilières associant ces deux partenaires (cf.notamment les travaux en cours rue Albert Maignan).

Nul ne peut contester cette vente, mais elle doit respecter le caractère non constructible de ce bien auquel son classement confère une contrainte d'intérêt public (son intérêt écologique) ne permettant pas à son propriétaire d'en disposer librement.

L'argument de la densification urbaine ne peut pas occulter le respect dû au bio-patrimoine

S'il y a besoin de densifier les hébergements en centre ville, comme cela est invoqué, il apparaît que le faire en détruisant une aire protégée de ce type constituerait une faute irrémédiable au vu du bio-patrimoine d'arbres centenaires et de leur faune.

Face à ce projet, dans la mesure où il s'agit de construire des immeubles d'habitation avec leurs abords, l'on ne peut que s'interroger, hormis les intérêts strictement financiers des partenaires précités, sur les éléments de la réflexion qui ont pu y conduire.

Les mesures prévues par le PLUC pour préserver la bio-diversité sont contraires à leur objectif

Le projet de PLUC (page 86) souligne le « risque d'atteinte du potentiel de biodiversité présent ou à développer sur cet axe secondaire discontinu de la Trame Verte urbaine ».

Les ''mesures prises dans le PLUC'' pour pallier ce risque ne sont, en fait, que la description  d'actions réduisant la biodiversité existante pour permettre qu'au moins 90 appartements soient construits sur le 1,4 hectare en cause : ces mesures sont l'inverse de l'objectif affiché.

Le projet est en déphasage avec l'évolution des préoccupations environnementales et du cadre légal 

Lors de la réunion du quartier Nord-Est du 9 septembre le Maire, lui même, a souligné son souci de reverdir, son attachement aux arbres et sa volonté de réduire la surface bétonnée.

Sans doute, par ses propos, a-t-il fait référence au mouvement de protection des arbres et de la biodiversité qui prend, aux niveaux national et international, une ampleur grandissante.

La ''déclaration des droits de l'Arbre'' adoptée par l'Assemblée nationale le 5 avril 2019 en est l'une des illustrations.

Dans le contexte de ce mouvement, la réflexion puis les décisions sur le PLUC doivent prendre en compte la lettre et l'esprit du cadre légal dans lequel il s'inscrit.

A cet égard la Loi Grenelle II (juillet 2010) ''portant engagement national pour l'environnement'' a concrétisé la stratégie nationale pour la diversité qui a fait valoir que « les continuités écologiques prennent notamment appui sur la biodiversité qualifiée d'ordinaire. Elles ont aussi leur place en milieu urbain […] Éléments essentiels de cette infrastructure, les aires protégées sont l’un des outils importants de conservation de la biodiversité tant au niveau national, européen qu’international. Les espaces protégés doivent donc être en nombre suffisant, représentatifs des différents milieux et efficacement gérés ».

L'inscription du parc boisé dans la Trame Verte doit conserver tout son sens

Inscrit dans la Trame Verte et Bleue instaurée par la Loi GrenelleI (3 août 2009) - confortée par la Loi du 8 août 2016 sur ''la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages'' - l'espace boisé du Parc Saint Aldric n'est pas une ''dent creuse''. Il est un lieu de vie d'espèces végétales et animales précieuses qu'il convient de préserver.

L'effet de cette préservation, en complément des parcs existants (Verdigné, Banjan), est également grandement bénéfique aux humains, notamment pour les besoins de régulation thermique tellement actuels (cf.l'article 87 de la loi précitée d'août 2016 qui prescrit de « favoriser la biodiversité pour adapter le territoire au changement climatique »).

L'arbitrage des autorités publiques

En répondant à cette enquête publique nous devons aider les autorités concernées (organes délibératifs et exécutifs) à peser tous les éléments à prendre en compte pour arbitrer entre les différents intérêts en cause.

Sur la question du déclassement de l'espace boisé Saint Aldric, il est clair que les autorités publiques doivent revoir le projet de PLUC inspiré par des intérêts financiers contradictoires aux impératifs de protection de la biodiversité.

L'avenir de l'espace boisé classé

En restant un espace boisé classé, le parc Saint Aldric conservera toute sa valeur en ne devenant pas un nouvel espace bétonné. Son utilisation pour le bien commun, si la Mairie ne veut pas le préempter comme cela serait souhaitable, pourrait relever d'initiatives privées.

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